Togo: “Le vrai référendum sera les élections législatives”, Gerry Taama analyse

(Alerte24 11/04/2024) “Le vrai référendum sera les élections législatives”, c’est le titre d’une nouvelle réflexion pondue par le Patron du parti Nouvel Engagement Togolais (NET), Gerry Taama en lien avec la nouvelle constitution qui crée polémique. Pendant que certains un retrait pur et simple de la loi, d’autres suggèrent un referendum. Le Président du NET ne semble pas épouser cette option. Pour lui, il faut se donner le temps de suffisamment expérimenter la constitution adoptée en 2019. 

Gerry Taama privilégie les législatives au référendum

“Cette révision ne règle aucun de nos problèmes de développement. La révision du 15 mai 2019 était venue résoudre un contentieux politique ayant duré plus de 20 ans, avec son cortège de morts et de blessés.”, affirme t-t-il. Lisez plutôt.

Je ne crois pas que les Togolais sortiront dans les rues. S’ils devaient le faire, il l’auraient spontanément fait dans la journée du 26 mars. Comme je l’ai dit à plusieurs reprises, nos marches antérieures n’ont produit comme résultats que des morts, des blessés, des exilés.. . Je comprends que nos compatriotes soient réticents à reproduire des actions qui malheureusement ont montré leurs limites par le passé.

Même si je continue à militer pour le rejet de cette nouvelle constitution, j’ai bien conscience qu’elle va certainement passer. Mes trois députés ne pèsent pas grand chose dans la balance. Et je ne vois aucun autre obstacle actuellement pouvant empêcher l’adoption de cette nouvelle constitution.

Comme je l’ai dit à plusieurs reprises, cette adoption, quoique rencontrant un rejet populaire, ne sera pas illégale pour autant. Notre constitution actuelle contient trop de failles que peut facilement exploiter tout magicien du droit. Et c’est dans cette situation que nous sommes. Hélas.

Mais nous sommes aussi dans une situation inédite. Jamais aucun dirigeant n’a pris le risque de faire des réformes impopulaires dans son pays à la veille des élections. A défaut d’un référendum constitutionnel, il s’offre à l’opposition togolaise l’occasion de participer à un référendum législatif. Si le peuple est mécontent, qu’il l’exprime dans les urnes. Je crois que c’est le plus grand défi que la classe politique de l’opposition doivent désormais affronter. Si le peuple est mécontent, qu’il le montre dans les urnes.

Voilà pourquoi, de mon point de vue, il faut, en plus des manifestations publiques (pour ceux qui les trouvent nécessaires) , se préparer pour bien participer à ces élections qui sont inclusives. La particularité du régime parlementaire réside dans le fait que celui qui dispose de la majorité à l’assemblée nationale emporte la mise. Toute la mise. Donc pendant qu’on dénonce, il faut s’apprêter aussi. Investir le terrain et emporter la mise.

Voilà les idées qui me parcourent l’esprit à quelques jours du début de cette campagne électorale qui sera très difficile pour tous les partis de l’opposition. Les ressources financières sont excessivement réduites. Presque absentes. Et c’est cette absence de fair-play politique qui fait la différence entre la pratique de la politique dans nos pays africains et dans les autres pays du reste du monde. En Afrique on fait combattre le poids plume de 45kg affamé depuis une semaine contre un colosse de 130kg, bien nourri mais on parle d’égalité de chances. Mais même dans ces conditions, le référendum législatif peut avoir lieu.

C’est à l’opposition d’aller vers les populations pour obtenir leur adhésion. Pour faire échec à la révision constitutionnelle, c’est à la prochaine assemblée nationale d’abroger éventuellement l’actuelle modification. Sur papier c’est possible. Mais j’ai un gros doute. Même dans ce grand Lomé, seulement une infime partie de la population comprends quelque chose aux enjeux liés à cette révision constitutionnelle. Pas sûr que ça joue lors du vote.

Mais une chose est certaine, l’élection législative est le vrai référendum. Si le parti majoritaire reste majoritaire après les élections législatives, qui peut encore dire que le peuple était opposé à la révision constitutionnelle et qu’il se serait exprimé autrement lors d’un référendum ?

Mais je conserve malgré tout mes convictions de départ. Cette révision ne règle aucun de nos problèmes de développement. La révision du 15 mai 2019 était venue résoudre un contentieux politique ayant duré plus de 20 ans, avec son cortège de morts et de blessés. Nous revenons malheureusement et indirectement à la constitution de 2002, en changeant uniquement le régime politique. Et ceci m’attriste profondément.

Les élections, c’est le référendum. Que tout le monde se mobilise. Vivant.

Gerry

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